L'auteur est avocat en immigration et en droit du travail, et conseiller municipal de la Ville de Côte-Saint-Luc.
La charte des valeurs québécoises proposée est une agression flagrante des droits fondamentaux. Dans une province dotée d'une telle richesse et diversité des communautés ethniques, je ne peux croire qu'un projet de la sorte puisse devenir une loi.
Le gouvernement du Parti québécois envoie un message insidieux que certaines personnes ne sont pas bienvenues au Québec. En tant que Québécois responsables, nous avons le devoir de nous opposer à cette charte et de faire connaître à tous les citoyens les dangers d'une telle proposition.
Des avocats de notre firme ont participé à des missions d'affaires avec le gouvernement du Québec (Équipe Canada et Missions Équipe Québec) et ont constaté que nos gouvernements provinciaux, qu'ils aient été libéral ou péquiste, faisaient la promotion du Québec comme étant une communauté multiculturelle qui accueille les personnes du monde entier, qui leur offre la possibilité de devenir membres à part entière de notre société, tout en conservant leurs croyances religieuses et leur culture.
Le paradoxe est qu'après une telle sollicitation, le gouvernement Marois décide que ces mêmes personnes ne sont pas les bienvenues au Québec.
Plusieurs de nos clients qui ont choisi le Québec comme patrie portent le hijab, le turban, la kippa, des croix ornementales et autres symboles religieux. Ils sont médecins, avocats, enseignants, ingénieurs, gens d'affaires, étudiants. Ils viennent ici avec le plus grand désir de contribuer à la société québécoise. Ils travaillent dans les secteurs privé et public et ont choisi de s'établir à Montréal parce qu'ils pensaient qu'on les accueillerait comme membres à part entière de la société et qu'ils pourraient y exercer leur droit à la liberté religieuse.
Si cette charte entre en vigueur, les personnes qui travaillent dans le secteur public comme enseignants, infirmières ou médecins seront incités à renoncer de porter leur habit religieux ou culturel, ou bien à démissionner. Les Québécois ne devraient pas avoir à choisir entre leurs croyances religieuses et leur bien-être économique. En droit du travail, c'est ce qu'on appelle un congédiement déguisé.
En vertu du droit existant, un congédiement déguisé confère à l'individu les mêmes droits et recours contre ses employeurs qu'un licenciement injustifié, puisque les changements dans les conditions d'emploi, forçant l'individu à démissionner, équivalent à un congédiement.
Cet argument est celui que le gouvernement fédéral devrait utiliser pour illustrer la nature inconstitutionnelle de ce projet de charte des valeurs québécoises. Si ce projet devait être adopté à l'Assemblée nationale, elle va clairement violer les droits religieux de l'individu garantis par la Charte canadienne des droits et des libertés.
En tant que conseiller municipal de la Ville de Côte-Saint-Luc, je suis très fier de faire partie d'un conseil dirigé par le maire Anthony Housefather, à l'intérieur duquel nous défendons ardemment les droits des minorités individuelles.